L’amazone

35 x 50cm (1992)

L’année 1992 fut d’une richesse créative exceptionnelle. Libérée de ses obsessions autobiographiques, l’artiste va donner libre cours à sa puissante et fertile imagination.

Dans tous les domaines de la création artistique, cette dépersonnalisation est la condition sine qua non pour prétendre à l’universalisation. Créant son propre style, Janine va se consacrer exclusivement à chanter les beautés terrestres et célestes.

Confortée par l’accueil enthousiaste du public lors de sa première exposition en 1991, elle va ciseler de nombreux bijoux, afin d’embellir notre monde, trop souvent cruel et sinistre.

Ayant trop de choses à dire et à faire, Janine ne pouvait s’accommoder des lenteurs de la peinture à l’huile. L’acrylique correspondra mieux à sa fougue et à l’urgence de déverser un trop-plein d’émotions si longtemps contenues. Pour les mêmes raisons, elle choisira comme support le papier et non la toile, son exigence de la perfection occasionnant de nombreux ratages et repentirs.

Le vingtième siècle s’acharnera à détruire l’art. Marcel Duchamp ira jusqu’à lui pisser dessus ! On tentera d’assassiner Mozart avec la musique atonale. Le roman traditionnel sera lui aussi remis en question. Une sorte de gymnastique rythmique et contorsionniste essaiera d’étouffer la danse académique. Janine, comme Balthus, fera la sourde oreille à tout ce tintamarre. Elle restera fidèle aux tutus pendant trois décennies et peindra au son du classique.

L’Amazone sera sa profession de foi, l’équivalent d’un manifeste littéraire. Ce cri du cœur prendra la forme d’une pochade.

En quelques coups de pinceau, Janine fera jaillir son propre visage de cette éruption de couleurs. On peut lire dans ce regard toute la détermination de l’artiste à s’inscrire dans la lignée de ses plus illustres prédécesseurs et à reprendre le flambeau de la figuration.

Jusqu’à sa mort, Janine gardera près d’elle ce tableau emblématique.

Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010