Les Abbesses

35 x 49,5 cm (1992)

Il ne faut pas se laisser influencer par les titres. Janine n’a jamais voulu peindre des religieuses ; elle nommera ainsi ce tableau pour s’y retrouver lors des expositions et dans ses archives.

Le verbe peindre est issu du latin « pingere », « pictus » au participe passé : peinture et pigment en sont des dérivés.

Une œuvre picturale est d’abord, et parfois uniquement, un assemblage de couleurs. Au contraire de la peinture abstraite, la peinture figurative représente des formes aisément identifiables, mais souvent indéchiffrables.

Une peinture ne se donne pas au premier venu ; chacun est libre de l’interpréter mais personne ne peut se l’approprier. Le sourire énigmatique de la Joconde continue et continuera indéfiniment à nous narguer !
Au contraire d’un dessinateur, un peintre s’exprime par la couleur. Les plus grands seront ceux qui en maîtriseront les nuances infinies, afin de nous offrir une composition tout en harmonie.

Les deux êtres blancs et fantomatiques du premier plan semblent se tenir de chaque côté d’un temple et nous inviter à y entrer. Au second plan, on distingue une silhouette encore plus mystérieuse. Le fond bleuté est d’une indicible étrangeté et beauté, avec ce petit coin de ciel qui accentue la profondeur et nous sauve d’un enfermement oppressant.

Il faut pénétrer dans ce tableau à pas très lents : on en sort transfiguré.

Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010