La Piscine

41 x 74 cm (2001)

Une femme en maillot de bain étendue au bord d’une piscine. Un thème aussi banal que trivial n’a guère inspiré les artistes peintres, qui préfèrent travailler sur des motifs plus nobles. En littérature pourtant, Flaubert n’hésitera pas à s’emparer d’un fait divers ordinaire, et par la magie du style, faire de Madame Bovary un immense chef d’œuvre ; un écrivain est capable de transformer la boue en or. Il en va de même en peinture. « La Nature ne fournit à l’artiste qu’un prétexte et un départ. » disait René Huygue. Oublions donc cette piscine et admirons le tableau.

La composition est d’une rigueur toute géométrique. Le plan d’eau semble issu d’une équerre. Diagonales, verticales et horizontales s’équilibrent parfaitement. Il s’avèrera même nécessaire d’allonger exagérément le bras pour contrebalancer l’horizontalité du bassin.

La monotonie des aplats de gris, de bleu et de rouge est sublimement rompue par les taisselles vaporeuses de la mosaïque et par les couleurs nuancées du corps et du maillot de la baigneuse.

Pas de végétaux, pas d’animaux ; le soleil est absent et il n’est même pas certain qu’il y ait de l’eau dans la piscine. Janine a décrit un rêve et non la réalité. Nous sommes plongés dans un décor onirique propre au surréalisme. L’atmosphère étrange et froide d’Edward Hopper, dont émane une impression de solitude et de détresse, aurait-elle contaminé passagèrement l’univers poétique de Janine ?

Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010