Le Narcisse

46 x 46 cm (2001)

Le narcisse des prés est une fleur odorante à la hampe nue ; sa corolle de six pétales blancs soutient une couronne d’étamines safranées. D’une froide description de botaniste, l’artiste fera un émouvant chef d’œuvre. La tige vert foncé deviendra plus claire pour être mieux mise en évidence. La difformité des pétales leur confère une troublante expressivité, à l’instar d’un tournesol de Van Gogh.

Enfin le disque, ou le cœur, jaune orangé, pour minuscule qu’il soit, donne de l’éclat à toute la composition. Même le parfum entêtant du narcisse peut être ressenti par des nez sensibles ; ostensiblement le personnage s’imprègne avec délice, de ces capiteux effluves.

La valeur et l’importance d’un artiste ou d’un écrivain sont dues, en partie, aux multiples interprétations que suscitent leurs œuvres. Un Cervin et des mazots, ou le compte-rendu d’un match de football ne vont certainement pas donner lieu à d’interminables exégèses.

En revanche, le texte d’un grand écrivain sera forcément polysémique. En ce qui concerne la peinture de Janine, il faut toujours aller au-delà de l’anecdote pour en apprécier les diverses significations. Férue de mythologie, elle n’a pas choisi par hasard cette fleur. D’une beauté merveilleuse, Narcisse se métamorphose en cette magnifique fleur. A nous d’imaginer le dialogue entre le dieu et cette femme…

Janine aimait particulièrement les fleurs blanches ; elle a voulu que son emblème soit le narcisse, qu’on appelle familièrement « jeannette ». D’ailleurs cette gracieuse femme, au maintien de danseuse, semble mimer des pointes avec ses doigts…

Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010