Le Champ de Colza

58 x 74 cm, (2001)

Les titres n’apportent pratiquement rien à la compréhension des œuvres picturales ou littéraires. « Les titres des livres sont souvent d’effrontés imposteurs » écrivait Balzac. L’artiste utilise un langage codé qu’il appartient au spectateur de décrypter. De même qu’un texte hiéroglyphique, une peinture ne se laisse pas appréhender d’un regard furtif. Approchons-nous et observons attentivement.

L’artiste nous accueille d’abord sur le seuil de son tableau avec un rire espiègle, pour nous avertir que le champ de colza n’est qu’un mirage. Cette surface jaune ne symbolise qu’un ardent soleil. Ensuite Janine nous dévoile ses petits secrets. Les couleurs nuancées de la peau et du sol contrastent élégamment avec le brun foncé, le gris vert et le bleu ciel. L’horizontalité du bras et celle du pied de la montagne assurent la stabilité de la composition, tandis que les diagonales en rompent habilement la monotonie. Aux doigts de la main correspondent les cinq arêtes des sommets aigus. La pointe centrale du massif montagneux, reprise discrètement par le nez, nous emmène dans l’infinité de l’espace céleste. Les yeux clos peuvent être une invitation à une profonde réflexion métaphysique sur les mystères de l’univers, à la manière des géants de l’île de Pâques, dont Janine possédait une photographie dans son atelier ; invitation à scruter le ciel plutôt que regarder son nombril ou ses pieds. A moins que les lèvres ne trahissent la simple jouissance d’une journée ensoleillée.

Mettons-nous à la place de cet homme couché et savourons l’instant présent; écoutons les chants des oiseaux et des cigales ; enivrons-nous du parfum des fleurs… La contemplation de ce tableau peut aisément remplacer un médicament hypnotique et constituer un excellent antalgique.

Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010