Le Coquillage
Les historiens de l’art se servent de plusieurs critères pour placer un artiste au panthéon. Un artiste peintre devra faire preuve, entre autres, d’originalité, d’une technique personnelle, d’une palette riche et de bon goût, d’une composition impeccable et surtout, de profondeur.
Peu de peintres ont osé accorder à un coquillage un rôle aussi important. Bien que le personnage soit au premier plan, c’est le gastéropode qui lui ravit la vedette. Il s’agit en l’occurrence d’une oreille de mer, ou haliotide. Le mollusque qui habite dans cette conque est comestible et porte le beau nom d’ormeau, qui signifie étymologiquement « or pur ». Quelle belle occasion de marier la gastronomie, ou l’art de la bonne chère, à la peinture!
A part le minuscule point rouge au coin de l’œil, le personnage est en camaïeu gris, afin de mettre en valeur ce bijou marin. Janine utilisera souvent ce procédé, qui est en quelque sorte sa marque de fabrique.
Pour apprécier à sa juste mesure toute la richesse chromatique d’une œuvre et en ressentir les vibrations, il faut y coller son nez. Le fond gris et vert procède d’un subtil et savant mélange de couleurs, adapté au décor mauresque faïencé et à la mosaïque du coquillage.
La présence de la figure humaine n’a rien d’anodin ; elle est une invitation à la rêverie ou à la méditation. La contemplation de ce tableau est à même de faire revivre vos plus beaux souvenirs maritimes, et de vous conduire à de profondes réflexions. Demandez-vous, par exemple, si la Nature n’est pas susceptible de rivaliser avec les plus belles créations de l’Homme…
Extraits tirés du livre de Pierre-André Devayes – 2010